mercredi 17 octobre 2007

Madeleine Gagnon





(1938)




C'est l'histoire des trouées de lumière dans ce ciel d'après-tempête - de pluie, de vent - , l'histoire de ce bleu qui ne nous a jamais parlé et qu'on voudrait plein de mots alors que traversent en diagonale son silence les chansonniers de toutes espèces revenus par troupeaux, petits ou grands, migrateurs aux ailes saupoudrées de semences lointaines, c'est l'histoire des oiseaux qui refont la vie des arbres, tels les bourgeons, en passant ou en s'y nichant, printemps printemps...

Madeleine Gagon brasse, dans ses proses et ses vers, son Québec natal et la vie telle qu'elle va, telle qu'elle vous prend - telle qu'elle vous laisse -, avec un à-propos de romancière. Elle n'a publié pourtant que deux romans, le reste de son oeuvre est poème, poème...

Dire je pars et je viens
chante ne sais d'où au juste
de vous anéantis
de vous ressuscités
d'antan étouffés là réveillés
écho des voix perdues défaites voix
remaillées
plaintes retenues les plaines
forêts conquises
bois des berceaux voix des revanches
Abondance et diversité, ces oeuvres presque complètes publiées par l'Hexagone sont (sous couvert d'un titre un peu pâle) d'une belle richesse. A chaque page, la générosité d'un coeur dolent du monde et non de soi, et la joie de dire la vastitude de cette vie qui nous exalte et nous opresse : c'est, avec simplicité, Madeleine Gagnon.
Jean-Marie Perret
  • Madeleine Gagnon, A l'ombre des mots, Poèmes 1964-2006, L'Hexagone, 2007.

Aucun commentaire: