lundi 25 février 2008

Fernand Ouellette



L’arbre du midi se déplace,
Qui déracine son ombre.
Un soleil bien présent le vise, total,
D’un long faisceau...

Tout se grave en moi.
Tout s’énonce
Dans une seule parole.
Pour la mutité de l’âme,
Pour les esprits enfin
Sur le qui-vive.

Ainsi va le jour,
Qui sait ouvrer sa lumière
Et rassembler les convives.
(Midi)

Après un parcours, jalonné au Québec par de nombreux prix, et cinquante ans de publications, il faut encore prendre le temps de lire le présent recueil de Fernand Ouellette – né à Montréal en 1930. Jamais tonitruante, musicale, au contraire, et modeste, son écriture culmine ici en quelques tableaux peints, en quelque sorte, avec franchise, comme la pièce ci-dessus.Une autre réussite, ses petites enluminures spirituelles – chrétiennes, certes, mais avec un tel tact, une telle discrétion, qu’elles ne prêchent aucune appartenance :

Dans la grisaille extrême
D’un champ de pierres tombales,
Se forment les piliers de bronze
De la Jérusalem qui va descendre.

La puissance des morts est lumineuse,
Quand ils prient fortement
Pour mieux traverser les flammes,
La rosée de l’Esprit
Qui ruisselle dans l’âme
Et les enlumine.

Prochaine est la révélation
Du nom nouveau.
Ardente et claire, la brise
Du Vivant qui se lève en eux.
(Petite apocalypse)

Manières douces et polies qui rappellent Pierre Emmanuel, plus que Claudel ou La Tour du Pin. Lorsqu’il évoque ses sources d'inspiration, Fernand Ouellet cite en effet le matin, la lumière, la mort, l'indicible. Mais si on lui demande ce qui le passionne, il répond : la musique. C’est ce souci de musique qui fait sa poésie évidente et simple, alors même qu’il avoue Friedrich Hölderlin, Pierre Jean Jouve et Paul Celan comme ses poètes préférés – trois auteurs d’oeuvres autrement complexes.
Pose le regard
Bien au bord de la plage océane.
L’espace va tout consoler.
Le poète n’oubliera rien du monde : tout fait poème, dans ces séries chronologiques où il compose (pour ce livre, des pièces écrites de 2000 à 2005, et révisées plus récemment). Tout fait musique.
Jean-Marie Perret
  • Fernand Ouellette, Présence du large, l’Hexagone, premier trimestre 2008.

2 commentaires:

Tietie007 a dit…

Merci pour m'avoir fait connaître ce Fernand que je ne connaissais point !
http://tietie007.over-blog.com

Alice a dit…

Car la poésie , elle, survit (je me suis permise de mettre votre blog en lien sur le mien, parce qu'il est intéressant, si l'idée vous déplait , faites le moi savoir et je l'enlèverais.