jeudi 22 novembre 2007

André Markowicz


(1960)
Le je me laisse m'en
aller de voir
sur les voilages la
lumière en particules
ou la poussière, quel
apaisement de l'être, c'est
un reflet d'arbres sur une eau flamande
Figures enchaîne vingt-deux chants amples à la recherche d'un monde plein d'être, où auraient leur place maints poètes russes admirés, de Pasternak à Mandelstam. Figures serait de la sorte le livre d'un grand commençant, "au milieu de son âge", puisque l'auteur s'est illustré, jusqu'ici, dans de nombreuses traductions - du russe principalement. Il a pris dans ce bilinguisme une liberté d'allure, un élan, un bouillonnement ; et ce que les grands auteurs ne lui auraient pas appris, il est allé le chercher au théâtre, dans la langue des acteurs :
A son réveil,
les fragments délavés sont comme
un autre corps
de sa terreur du trop -
un corps
en mosaïque sous
une eau cette fois trouble ;
un point, et puis un autre,
et de nouveau le parc
et la fatigue
invraisemblable :
on lève un bras,
et la journée est pleine. Il prend
un livre et il se sent
glisser
Oui, c'est ainsi que souvent l'on écrit, aujourd'hui, pour le théâtre. Vingt-deux déclamations d'une pièce impossible, une pièce où passeraient à leur tour les ombres de ces doux et redoutables démons - ici, Dostoïevski - les poètes. Vingt-deux traces d'une méditation qui s'est étendue, en 2005, de mai à octobre, et nous vaut cet excellent livre... :
Il tremble
et sent ce que ses ombres sont -
il se voit, lui, parmi ses ombres,
et c'est si rassurant d'en être aussi
dans ces rues rectilignes...
... qu'on aimerait entendre souvent, désormais, sur les ondes et sur la scène.
Jean-Marie Perret
  • André Markowicz, Figures, Seuil, mars 2007.

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