vendredi 24 octobre 2008

Mahmoud Darwich


L'homme est peut-être de pierre ...!
De loin, il voit les villes des oranges touristiques
L'aumônier militaire
Mais il collectionne les affiches et écrit sur des mégots ses opinions sur les conquérants qui, quand ils rencontrent des villes, les détruisent avec leurs noms et se reposent sur l'herbe
Il a dit : pourquoi la culture devient-elle l'ombre des soldats, au bord de la Méditerranée ?
J'ai ajouté : et servante du palais et des classes parasites ?
Ils ont avoué qu'ils m'ont tué
Mais ils m'ont étreint longuement
Ils ont glissé dans le trou fait par la balle vingt mille francs...
Les vers de Mahmoud Darwich ont semblé à certains trop "dégagés" des souffrances de la Palestine, son pays. Les a-t-on vraiment lus ? Ceux-ci sont extraits de Blocus pour panégyriques de la mer, publié à Tunis en 1984. Ils célèbrent la mémoire d'Azeddine Kalak, représentant de l'OLP à Paris, assassiné dans son bureau parisien le 2 août 1978.
Le même livre comporte Plus rares sont les roses, publié à Casablanca en 1986. La traduction en est également d'Abdellatif Laâbi :

Nous marchons vers un pays qui n'est pas de notre chair. Ses marronniers ne sont pas de nos os.
Ses pierres ne sont pas des chèvres dans l'hymne des montagnes. Les yeux des cailloux n'y sont pas des lis.
Nous marchons vers un pays qui ne suspend pas sur nous un soleil à nous dédié...
A l'âme de trouver l'âme dans son
âme, ou mourir ici...
Il y a une vingtaine d'années, les éditions de Minuit avaient déjà publié en français trois ouvrages de Mahmoud Darwich, dont ce Plus rares sont les roses et, sous le titre Rien qu'une autre année, une anthologie poétique 1966-1982. Outre un ouvrage au Cerf, un autre chez Marval et un troisième chez Gallimard, l'oeuvre remarquable du poète palestinien disparu cette année est en outre à la disposition du public français grâce à la constance d'Actes Sud (8 titres à ce jour). Et au soutien de l'Unesco. On ne peut que s'en féliciter.
Jean-Marie Perret.

  • Mahmoud Darwich, Plus rares sont les roses, Minuit, septembre 2008


1 commentaire:

Angèle Paoli a dit…

DEUX ÉTRANGERS

Il regarde le firmament
et voit une étoile
qui le regarde !
Il regarde la vallée
et voit sa tombe
qui le regarde !
Il regarde une femme
qui le tourmente et l'attire,
mais elle ne le regarde pas!
Il se regarde dans le miroir
et voit un étranger,
comme lui,? qui le regarde !

Mahmoud Darwich, Les derniers poèmes in La Pensée de midi, Désirs de guerre Espoirs de paix, 2008, p. 239.

Amicizia da Capicorsu,
Angèle