samedi 14 juillet 2012

Michel Baglin


'Je rends grâce aux nuits qui n'ont plus d'heures, / aux nuits que l'on pousse à force de cigarettes et d'alcools / jusqu'au coeur chaviré, aux confessions bêtes, aux bégaiements de l'innocence retrouvée, / quand le monde comme il va ne saurait plus nous aller, / quand la langue chargée de régler les additions / bafouille l'humanité avec des mots qui penchent'...
De chair et de mots est une anthologie personnelle orchestrant des extraits significatifs des publications poétiques de ce Toulousain d'adoption, rompu à l'exercice de la plume de par son métier de journaliste. Ce nous vaut une visite heureuse, plus qu'un catalogue. Presque 40 ans de poésie défilent ainsi, depuis Déambulatoire, Chambelland, 1974, jusqu'à L'adolescent chimérique, 2007... En passant par Les mains nues, préfacé par Jérôme Garcin - et qui reçut le prix Max-Pol Fouchet - L'Age d'homme, 1988. Ou encore Les chants du regard, poèmes sur 40 photographies de Jean Dieuzaide, Privat, 2006 : 
'Cheval de trait. Il connaît la charrue, la terre levée, le champ derrière lui qui fume au premier froid. Comme il sait l'été, ses sueurs et ses gerbes, le tourbillon des foins au vent de sa crinière, les tombereaux de pierre à déplacer. Et dans ses muscles les mêmes chemins, qui toujours montent'...
Mais c'est l'Alcool des vents (Le Cherche-Midi, 2004; Rhubarbe, 2010) qui brille ici, encore et toujours, d'un éclat particulier :
'Je rends donc grâce à ces riens qu'on appelle escales, / qui furent des haltes, des bivouacs, et resteront fragments, / qui argumentent quand même en faveur d'un feu latent, / d'une traînée de poudre, d'un fil aussi ténu que corde sensible. / A cette ivresse qui persiste quand tout déchante et dont je ne connais pas la cause, / qui vient de la mer sans doute, de très loin par le sang, la rime, l'obscur vertige / et que je nomme l'alcool des vents, faute de mieux'...
Un lyrisme vigoureux qui rend hommage aux grandes facondes des Segalen, des Claudel et des Perse, sans oublier Cendrars et quelques uns des grands diseurs populaires.
Jean-Marie Perret.


On peut retrouver Michel Baglin sur son site : http://revue-texture.fr/


Michel Baglin, De chair et de mots, Le Castor Astral, 2012

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